Arnaud Schnegg est un joueur de hockey chaux-de-fonnier qui, à seulement 24 ans, a déjà connu les trois meilleures divisions du pays. Il nous raconte son parcours à l’interview.

Âgé de seulement 24 ans, Arnaud Schnegg a déjà patiné dans trois clubs emblématiques de l’Arc jurassien. Formé dans le club de la ville où il a toujours vécu, le HC La Chaux-de-Fonds, il rejoint ensuite le HC Ajoie en 21/22 pour y jouer sa première saison complète chez les adultes. Avec le HCA, Arnaud remporte le titre de champion de Swiss League (2e division) dès la première saison, synonyme de promotion dans l’élite du hockey suisse. Après une saison en National League, il rejoint le HC Franches-Montagnes en MyHockey League, 3e division du pays.
Ce parcours atypique, Arnaud Schnegg nous l’a raconté par téléphone.
Pour commencer, peux-tu nous dire qui est Arnaud Schnegg en dehors du Hockey?
En parallèle du hockey, j’ai fait un CFC de polymécanicien. Dans mon temps libre, j’aime bien faire du tennis ou d’autres sports, mais c’est vrai que le hockey prend pas mal de place, donc c’est plutôt l’été que je continue de faire d’autres choses.
Et comment as-tu commencé le hockey ?
Mon père faisait déjà du hockey au HCC en tant que gardien, mais il avait déjà arrêté quand je suis né. Depuis tout petit, j’ai toujours voulu faire ça, je n’ai pas vraiment de raison particulière.
Jean-Luc Schnegg, le papa d’Arnaud, était gardien pour le HC La Chaux-de-Fonds dans les années 90. Il a notamment participé à deux promotions, dont une en LNA en 1996.
On dit que certaines personnes changent de personnalité sur la glace…c’est ton cas?
Je suis peut-être un peu plus agressif (il rit). Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un d’assez tranquille, assez rigolo. J’aime bien profiter de la vie. Je dirais que ça ne change pas forcément sur la glace ou en dehors, mais mon caractère nerveux ressort peut-être un peu plus sur la glace.
En tant que Chaux-de-Fonnier, qui a été formé là-bas, que représente le HCC pour toi?
C’est un peu compliqué. J’y ai fait toutes mes classes juniors et j’ai aussi joué quelques matchs dans la première équipe. Quand j’étais petit, j’ai toujours voulu jouer uniquement pour La Chaux-de-Fonds si je ne pouvais pas jouer plus haut. Mais ça ne s’est pas trop déroulé comme je l’espérais.Après, je n’aurais peut-être jamais vécu ce que j’ai vécu si je n’étais pas parti à Ajoie. Aujourd’hui, je ne supporte pas une équipe en particulier. Tant mieux si le HCC gagne, et s’ils perdent, je ne vais pas mourir!
Justement, comment as-tu vécu ton passage chez le rival ajoulot?
Comme je l’ai dit, moi j’ai toujours voulu rester à La Chaux-de-Fonds, et ça ne s’est pas fait. Mais le seul club qui a vraiment montré de l’intérêt quand je sortais des juniors, c’était Ajoie. C’est sûr que quand mon départ a été annoncé dans les médias, il y avait une petite appréhension vis-à-vis de la réaction des supporters. Mais finalement, que ce soit du côté de mes proches ou des autres, tout le monde était unanime pour dire que c’était une bonne chose.
Et comment as-tu vécu le barrage de promotion/relégation entre ces deux clubs, en 2023?
Je ne jouais pas donc c’était plus facile! (il rit). C’est sûr que c’est toujours un peu délicat. Il y a des joueurs qui ont joué dans les deux équipes des deux côtés, donc c’est toujours spécial. Pour moi, en tant que spectateur, je n’avais pas forcément de préférence. Mais comme j’ai participé à la promotion du HCA, ça aurait été dommage qu’ils redescendent.
Quels souvenirs marquants gardes-tu de ta saison en National League?
C’est quasiment tous les matchs! Quand tu joues dans toutes les grandes patinoires, presque à guichet fermé, tu es comme un gamin! Tu affrontes des joueurs qui jouent les championnats du monde, que tu regardes à la télé. Ce ne sont que des bons souvenirs! Sur le moment, tu ne réalises pas trop, et avec les mauvais résultats de l’équipe, c’était quand même un peu compliqué, aussi avec l’ambiance générale et la pression autour de nous. Mais avec le recul, c’est clair que c’est une expérience de fou!
Est-ce qu’il y a un joueur qui t’as particulièrement marqué durant cette saison?
Andrighetto! Il y avait aussi Kahun, à Berne, qui était vraiment fort. Mais ouais, Andrighetto, c’est quelque chose! Malheureusement, il n’y avait pas Malgin, mais juste un seul des deux, c’était déjà assez!
Après cette saison, tu signes en MyHockey League. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un joueur passer de la 1ère à la 3e division. Était-ce un choix de ta part?
Plus ou moins, oui. Quand Ajoie m’a annoncé qu’ils ne me resigneraient pas, c’était déjà assez tard. En plus, c’était quand même une saison assez compliquée, j’ai joué tous les matchs, mais en 4e bloc, alors que j’ai l’habitude d’avoir un jeu offensif. Du coup, j’avais envie de retrouver ce genre de rôle, et j’avais espoir de pouvoir signer à La Chaux-de-Fonds, parce que j’avais pu jouer les playoffs avec eux. Encore une fois, ça ne s’est pas fait et je n’avais pas forcément envie de partir en suisse allemande ou dans des clubs comme les Ticino Rockets. Je voulais rester dans la région, et comme le HCFM était monté en MyHockey League, je me suis dit que c’était la bonne solution.
Donc tu avais reçu des offres de Swiss League?
Je n’ai pas reçu d’offre concrète, mais je sais que j’aurais pu avoir une possibilité avec Winterthour où Frédéric Rothen (ex-coach assistant au HC Ajoie) était parti. Le problème, c’est que j’aurais dû aller plus loin que l’Arc jurassien!
Justement, qu’est-ce qui te plaît dans cette région, qui t’as motivé à rester?
Je ne suis pas loin de La Chaux-de-Fonds, là où j’ai ma famille et mes copains. J’avais aussi bien aimé à Ajoie le fait que tu connaisses un peu tout le monde. Tu peux sortir où tu veux et il y aura toujours quelqu’un que tu connais, avec qui tu peux discuter. C’est cet esprit de famille, dans le Jura, qui me plaît bien. Je connaissais aussi les dirigeants du HCFM et certains joueurs, donc c’est aussi plus simple d’arriver dans une équipe où tu connais du monde, plutôt que dans un endroit où tu ne parles pas la langue.
Aujourd’hui, tu mets le feu à la MyHockey League, tu as été 2 fois MVP de celle-ci, comment expliques-tu ce succès?
La première saison, j’ai eu besoin d’un moment d’adaptation. J’ai recommencé à travailler à côté du hockey (à 100%), donc c’était aussi un rythme compliqué au début. Après c’est toujours difficile à expliquer, parce que s’il y avait un secret, tout le monde ferait des saisons pareilles! Je pense que c’est un tout, l’ambiance d’équipe, la confiance, etc… Je n’ai pas forcément de pression non plus et je prends du plaisir. Tout se passe assez bien dans l’équipe et dans le club. Après, honnêtement, même si on m’avait dit que je serais une seule fois MVP, je ne pense pas que j’y aurais cru!
Est-ce que ces performances t’ont donné des envies ou des opportunités de rejouer en Swiss League?
Des opportunités, plus ou moins. En licence B, j’ai pu jouer avec La Chaux-de-Fonds la saison passée. J’aurais pu le faire à Olten cette saison, mais c’était quand ils ont viré Gary (Sheehan), donc c’est tombé à l’eau. L’envie elle n’a jamais changé. Je n’ai jamais totalement fermé la porte si, un jour, un club me fait une offre. Mais c’est vrai que maintenant, c’est plaisant de jouer et de contribuer autant à marquer des buts et donner des passes. Après, moi je ne me pose pas trop la question. Si ça vient, j’y réfléchirai, mais ce n’est pas moi qui vais faire toutes les démarches pour.
Pour conclure, quel est ton plus beau souvenir ou ta plus grande fierté dans le hockey?
Je pense que j’ai deux très bon souvenirs. Il y a forcément la promotion avec Ajoie, ça c’est un truc incroyable. Plus individuellement, c’est le premier titre de MVP de MyHockey League. Forcément, pendant la cérémonie, tu te retrouves avec tout des gars de National League, il y avait aussi ceux de l’équipe de Suisse, puisqu’ils avaient gagné la médaille d’argent (au championnat du monde). Il y avait Fiala, Hischier, Siegenthaler…
Photos: Mauricette Schnider
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