Mauricette Schnider est une photographe jurassienne qui sillonne les patinoires de Suisse à la recherche de belles émotions. Chez elle, la passion pour le hockey est peut-être encore plus intense que le jeu lui-même.

Avant d’être une photographe passionnée, Mauricette Schnider est aussi la mère de trois enfants. Vivant à Cornol, elle est également la fille de celui qui fut le dernier sabotier du pays. Ce n’est qu’en 2013, vers la quarantaine, qu’elle commence à photographier le hockey sur glace. « Un jour, j’ai pris mon appareil photo pour un match de playoffs des juniors élites du HC Ajoie. J’ai mis les photos sur Facebook, et les gens m’en ont demandé d’autres. » Le monde du hockey ne lui était toutefois pas étranger, puisqu’elle a elle-même été joueuse, notamment pour l’équipe féminine du HCA, les Panthères. « J’aime l’intensité et le fait que ça glisse. C’est le plus beau sport du monde ».

En 2020, le Covid lui donne le temps nécessaire pour créer son propre média, PhotHockey. Sur son site, elle relaie les nouvelles, propose des interviews et publie ses clichés. Si elle était auparavant la photographe officielle du HC Ajoie, elle n’a aujourd’hui qu’un seul mandat pour la Fédération suisse d’inline hockey. La Jurassienne tient à sa liberté et photographie uniquement par passion, cela ne lui permettant pas de vivre.
De nombreuses anecdotes
Pourtant, il en faut beaucoup pour décourager la mère de famille. « Une fois, la femme d’un joueur m’a demandé de venir à un match de Dübendorf le soir même, parce que son mari, Steven Widmer, portait le maillot de topscorer pour la première fois. Mais le match était à Coire, et il annonçait une tempête de neige. » Pas de quoi effrayer Mauricette, qui n’a pas hésité à prendre la route des Grisons. « J’y suis allée, et c’est lui qui a mis le but de la victoire à 10 secondes de la fin ! »

En 2018, la photographe est frappée à la tête par un puck et est victime d’une commotion cérébrale, lui causant différents problèmes d’élocution et de mémoire. Toujours pas de quoi l’empêcher de se rendre à la patinoire. « Dans la semaine qui a suivi, j’étais déjà au match ! Le premier auquel je suis allée après ça, était à Thoune. Au milieu du trajet, j’ai eu un blackout et je ne savais plus où j’allais. J’ai suivi le GPS et ça m’est finalement revenu. » Tant d’anecdotes qui illustrent la passion de l’inlassable Ajoulote.
Mais ce qui lui importe avant toute chose, ce sont les liens qu’elle crée dans ses aventures. « La plus belle chose que le hockey m’ait offert, c’est l’amitié et la complicité que j’ai partagées avec le gardien de Dübendorf, Remo Trüb. C’est un ami pour la vie. On ne se parlait jamais avant les matchs, tout était dans le regard. À chaque tiers, il traversait la glace pour me taper dans la main, au début et à la fin. C’était vraiment quelque chose de fort. »
Ses moments forts
En 12 ans de photographie, Mauricette Schnider a vécu de nombreux moments dont elle se souviendra toute sa vie. Après son passage dans « Gens d’Hiver » sur la RTS, elle se souvient avoir été célébrée par les supporters de Sierre. « Lors de la promotion de Sierre contre Martigny, tout le mur de supporters m’a acclamée avec mon prénom ! »
Outre cela, ce sont surtout les titres de ses équipes favorites qui composent ses meilleurs souvenirs, comme ceux du EHC Dübendorf et du IH Sayaluca (Inline hockey), ou encore ceux du HC Ajoie, dont le plus important en coupe de Suisse en 2020. « Je pense qu’émotionnellement parlant, je ne vivrai plus jamais un truc aussi fort. Ce qu’on a vécu depuis la glace est inracontable. Pendant la Rauracienne, je me souviens de m’être posée avec Alain Birbaum pour regarder cela, et c’était un truc de malade ! »
Ses plus belles photos
C’est justement à la recherche de ces émotions que la mère de famille parcourt les patinoires. « Ce n’est pas le sport que je cherche, c’est l’être humain qu’il y a dedans. Je ne vais pas chercher le but, je vais chercher l’âme de la personne. »
Quand on lui demande quelles sont ses photos préférées, elle évoque par exemple le saut du Portier Remo Giovannini. « C’était la première fois que je voyais un gardien sauter ! J’étais à l’autre bout de la patinoire. C’était improbable que je puisse l’avoir et qu’elle soit nette.». Elle évoque également celle de Philip-Michaël Devos, sous une pluie de champagne lors du titre en 2016 « Je sais que c’est la photo préférée de Phil ! Il l’avait dit aux Puckalistes. » Mais aussi et surtout la photo de son grand ami, le gardien de Dübendorf, qui s’apprête à entrer sur la glace dans un décor qui rappelle une ferme. « On m’a dit que je pouvais arrêter, parce que j’avais pris la plus belle photo »
Des photos de ce genre, Mauricette espère en prendre encore de nombreuses. « Tant que je peux, je continue ! » Elle voyagera donc encore dans les patinoires durant de nombreuses années, prête à immortaliser les émotions de la glace, pour que chacun puisse y goûter lui aussi, en y jetant un coup d’œil.
Photos: Mauricette Schnider évidemment!













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