Creew’N, ce groupe de potes qui a créé sa marque de vêtements au Noirmont

Casquette, sacoche, T-shirt et même tablier, Creew’N est un groupe de 7 amis qui ont décidé de créer la marque de vêtements du même nom. Malgré les obstacles de ce milieu très concurrentiel, ces jeunes se démarquent par un travail de qualité.

Voilà déjà plus de 5 ans que l’idée de créer une marque de vêtements a émergé sous la casquette de Cyril Froidevaux, qui nous accueille dans le repère de son crew. À l’époque, il a environ 16 ans et effectue une année de transition dans laquelle on lui demande de réaliser un projet personnel. « J’ai créé cette marque, ou plutôt un T-shirt et une casquette, et je me suis pris de cœur pour ça. J’ai très vite voulu mélanger cela avec ma deuxième passion : mes amis. » Creew’N voit donc le jour en tant que projet scolaire, et devient petit à petit une aventure amicale. Emile, Clovis, Marius et Gaël Boillat, ainsi que Noa Taillard et Joshua Jenni complètent aujourd’hui le groupe.

La marque a désormais sorti plusieurs collections, dont la plus récente «FIN DE SEM’N ».

  • La collection FIN DE SEM'N

Collection FIN DE SEM’N

Pour revenir aux origines de cette marque jurassienne, « Crew » se traduit par « équipe » en français, alors que le N fait référence au Noirmont. « On n’est pas fan du nom, mais on s’y est attaché. On n’aime pas trop qu’il soit en anglais, mais il nous représente bien, car notre groupe de potes s’appelle comme cela depuis tout petits. Ce qui est chiant, c’est que beaucoup le prononcent « croune » et pas « crou èn ». Le pire, c’est qu’il y a une faute d’orthographe ! », avoue Cyril en riant.

L’obstacle financier

À peine passé la quinzaine d’années, « ct’équipe » du Noirmont part de rien et a tout à apprendre. Et quand on voit sa dernière campagne de promotion, elle apprend vite. Le chemin n’est pourtant pas simple et semé d’embûches. « Notre premier local était une ancienne cuisine, et pendant 2 ou 3 ans, on se retrouvait parfois à 15 dans un endroit adapté à 4 personnes. Trouver un lieu pour le projet n’est vraiment pas facile.

« Le plus gros frein, c’est l’obstacle financier. On a dépensé 0.- depuis le début de la marque, donc tout est du réinvestissement. Mais trouver l’argent nécessaire pour faire des projets de qualité en tout point et être fier de nous, c’est compliqué. On ne fait pas assez de bénéfices pour gagner de l’argent pour nous, et c’est déjà difficile d’en injecter dans la marque. »

Avec AUB’N, « le bébé de la marque », le groupe propose de la vente de seconde main, qui lui apporte d’autres revenus. Il propose également un service d’impression personnalisé pour cela.

Collection VISO’N NOCTURNE

Une production responsable

Malgré cet obstacle financier, Creew’N a choisi de renoncer à la production asiatique pour proposer des vêtements made in Portugal. Cela augmente les prix et complique la distribution, mais fait correspondre le projet à l’éthique de la marque. « On n’en pouvait plus de produire en Asie, ça nous faisait travailler contre nos valeurs. Aujourd’hui, on sait que le cadre de travail des entreprises au Portugal est contrôlé. Des marques indépendantes comme celle-là, il en naît 12’000 par jour partout dans le monde, et pour sortir du lot, avoir une grosse distribution avec des produits fabriqués en Europe, c’est vraiment compliqué dans la région. »

Pourtant, le groupe est parvenu à fabriquer 2 de ses produits 100% made in Franches-Montagnes. Leurs tabliers et leurs sacoches étant fabriqués par une couturière indépendante à Saignelégier, Marie-Pierre Brahier. « C’est notre produit le plus satisfaisant à vendre, même si on ne se fait pas une grande marge », se réjouit Cyril.

La solidarité franc-montagnarde

Loin de se trouver des excuses, le crew s’est retroussé les manches et a su tirer profit de la solidarité entre jeunes et entre Taignons pour mener à bien ses projets. « La région a ses avantages. Elle est petite et tout le monde se connaît. Pour faire parler, ça marche énormément. Les gens consomment aussi par soutien et par plaisir d’acheter à des connaissances. La région est adorable et les gens se soutiennent. Pendant 4 ans, ce sont nos potes qui ont posé pour nous. »

Et pour le dernier clip de promotion, ce sont des apprentis comédiens qui ont fait leur apparition à l’image, là encore un échange de bons services. « On aime travailler avec des gens qui se lancent aussi et qui sont débutants dans leur domaine. Si on peut se filer mutuellement des coups de pouce, c’est trop bien. »

Collection FLORAISO’N

Organisation bien en place

Mais derrière cette production de qualité se cache évidemment du travail et une organisation bien en place de la part du groupe de potes. Chacun possède sa spécialité et son rôle. « Pendant de longues années, chacun faisait ce qu’il voulait comme il pouvait. Mais depuis l’année passée, on a revu les choses pour un peu se professionnaliser. On a la chance d’avoir plusieurs membres qui sont à l’école d’art. Clovis est interactive media designer et peut se charger des vidéos, des photos et des réseaux et Joshua, qui commence une école de cinéma, peut l’aider pour cela. Marius apprend le métier de graphiste et peut s’occuper de la communication visuelle. Emile se charge d’AUB’N, Noa s’occupe des commandes et du site internet, Gaël se charge de la communication, et moi, je me charge de la gestion globale et de la cohésion de tout cela. »

À l’avenir, le groupe souhaite continuer de s’investir davantage et continuer à se professionnaliser, bien que la route soit encore longue. « On aimerait réorganiser des événements et consacrer une partie de notre vie professionnelle à ce projet, même si ce n’est qu’un 5% ou 10% au début. Sinon on veut juste continuer à kiffer et à travailler entre potes. » Creew’N peut en tout cas se targuer d’avancer dans la bonne direction, et a de quoi rêver d’un bel avenir.

De l’idée à la réalisation:

Durant le processus créatif, Creew’N commence par chercher un concept qui lui plaît. Le groupe aime avoir une histoire derrière chaque collection. Ils décident ensuite du modèle de vêtement qu’ils souhaitent proposer et cherchent un fournisseur capable d’en produire. Le crew fait ensuite des prototypes pour contrôler les détails, avant de se lancer dans la promotion de leur collection, en lien avec l’histoire de celle-ci. Il s’agit de la dernière étape avant la distribution. Au total, le processus dure environ 4-5 mois.

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